Copie intégrale dans Valeurs Actuelles numéro 4250 du 10 au 16 mai 2018


Georges Soros à l'assaut

de l'Europe

Par Charlotte d'Ornellas / Samedi 12 mai 2018 à 08:03


















George Soros rêve d’un monde globalisé,

mais son terrain de jeu favori reste le vieux continent.

Sans doute parce qu’il est aussi le plus faible…


Ukraine, Macédoine, Géorgie, Kirghizistan… Entre 2000 et 2006, ces pays ont été traversés par des révolutions incroyablement similaires dans leur évolution. Hasard ou coïncidence ? Certains ont répondu “Soros”. Il faut dire qu’avant ces vagues de contestation, de riches fondations politiques se sont installées dans ces pays, par lesquelles sont passés nombre de jeunes révolutionnaires européens. Ces fondations ont pour point commun de parler de liberté de la presse, de démocratie ou de libéralisme. Elles ont aussi une source de financement commune : l’Open Society de George Soros. Ce dernier a toujours nié être concerné directement par les renversements de ces gouvernements. Mais au Financial Times qui l’interrogeait, en janvier dernier, le milliardaire américano-hongrois confi ait malgré tout : « Nous ne sommes pas impliqués dans les combats actuels — c’est contre nos lignes directrices et nos principes. Mais nous étions des partisans des combattants et c’était aussi pendant Maïdan. » Certains pensent et d’autres agissent. George Soros ne nie pas avoir été l’un des premiers.

Il rêve d’un monde sans frontières, sans particularités, uniformément gouverné par l’économie plus que par le politique. Son projet est ambitieux, ses moyens importants. Il n’en finit donc plus de déverser son argent pour oeuvrer à la promotion d’une “société ouverte”, aux quatre coins de l’Europe, dont il a fait l’un de ses terrains de jeu favoris. Son nom est donc comme son argent : mêlé à tous les grands débats de société qui animent le continent, de la place Maïdan aux manifestations proavortement irlandaises en passant par le Brexit. Très actif pendant la campagne référendaire britannique, George Soros n’a pas renoncé à empêcher la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne. Le 8 février, le quotidien The Daily Telegraph révélait sur sa une que le milliardaire participait à « un complot secret pour contrecarrer le Brexit ». En cause, notamment, un don de 400 000 livres (453 000 euros) octroyé à l’association Best for Britain qui milite contre la sortie de l’Union européenne.


Plutôt que de considérer Dae’ch comme un danger incroyablement préoccupant, le vieil homme met volontiers en garde contre la montée en puissance du “nationalisme” partout en Europe. Pour le contrer, il en appelle à la démocratie ouverte, toujours. Une démocratie qu’il ne faudrait pas confondre avec le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes : George Soros ne la conçoit que comme le plébiscite populaire de la société qu’il promeut. Rien d’autre.


Et pour ce faire, le peuple doit avoir été converti, précédemment, à l’“ouverture”. Et aucune bataille de fond n’est trop petite pour lui. À titre d’exemple, sa fondation n’a pas hésité à financer, pour plus de 86 000 dollars, une conférence organisée par l’Institut français des relations internationales (Ifri), en janvier dernier, sur le thème : “2017, quelles politiques d’immigration, d’asile et de citoyenneté en France ? ” Soros n’organise pas les révolutions, il les prépare. Islam et immigration sont deux de ses outils favoris (lire notre article page 20), mais ils ne sont pas les seuls. Dans certains pays, il promeut sa vision du libéralisme. Ailleurs, celle de la citoyenneté. Dans d’autres enfin, c’est le “droit des femmes”… C’est ce que révélait le plan d’action publié en 2016 après une fuite de documents issus de sa fondation. La cible première est l’Irlande, pays identifié comme catholique et conservateur, qui pourrait donc « avoir un impact sur d’autres pays fortement catholiques d’Europe, telle la Pologne, et fournir la preuve nécessaire que le changement est possible, même dans des lieux très conservateurs ».


En Hongrie, c’est l’ennemi numéro un du gouvernement


Ses techniques d’action ne varient pas : un large financement est attribué aux associations qui oeuvrent déjà à cette intention. En l’occurrence, l’Abortion Rights Campaign, Amnesty International et l’association irlandaise du Planning familial. Contre l’argent, un but leur est fixé : « travailler de concert pour faire révoquer l’amendement constitutionnel irlandais ». Il s’agit du huitième amendement de la Constitution, qui affirme l’égalité du droit à la vie de la mère et de l’enfant à naître.


Le projet politique de George Soros est partagé par nombre de personnes, mais combattu par beaucoup d’autres, notamment en Europe. En France, son nom passe inaperçu. En Hongrie, beaucoup moins.


Viktor Orbán vient d’être plébiscité lors des élections législatives : le Premier ministre hongrois peut compter sur le soutien des deux tiers des députés à la Diète. Faire de George Soros l’ennemi numéro un de son pays natal n’a pas empêché le président du Fidesz de séduire la majorité de l’électorat magyar. Au contraire, diront certains. Des arrêts de bus aux spots publicitaires télévisés en passant par des questionnaires envoyés dans tout le pays, le nom du milliardaire est associé à la menace que le gouvernement promet de combattre depuis deux ans. Avec le nouveau Parlement, le projet de loi “Stop Soros” pourrait bien être adopté plus rapidement que prévu. Visées dans ce texte, les ONG financées par l’étranger. Déjà l’année dernière, le gouvernement avait obligé les ONG bénéficiant de plus de 24 000 euros de fonds étrangers par an à fournir une liste de leurs soutiens et à se signaler auprès du public comme “bénéficiant de financements étrangers”. Il espère désormais les taxer à 25 % dès lors qu’elles reçoivent plus d’argent étranger que d’argent hongrois et soumettre leurs activités à une autorisation préalable du ministère de l’Intérieur.


“Les ONG sont un sujet sur lequel la classe politique ne travaille pas”


George Soros n’est pas le seul homme d’argent à utiliser des ONG pour parvenir à des fins politiques ou idéologiques. Si cette loi porte son nom, c’est parce que son investissement financier massif est devenu un symbole. Dans la presse d’opposition, on jugeait dès février dernier cette loi comme « arbitraire et pernicieuse » : « Le gouvernement place les ONG dans la catégorie des méchants qui menacent l’intégrité du pays. Il pourrait tout aussi bien utiliser ce motif infondé contre les activistes anticorruption ou les opposants au projet nucléaire Paks II fi nancé par Moscou. »


La prévision n’est évidemment pas rédigée au hasard : les activistes anticorruption sont parfois — et pas seulement en Hongrie — dans le viseur de certains défenseurs des nations. Non par amour de la corruption, évidemment, mais par crainte des visées politiques que peuvent cacher les intentions les plus nobles. Certains peinent à oublier que l’enfer en est pavé. C’est exactement ce qui a motivé la création de la fondation d’entreprise Prometheus, présidée par l’ancien député du Tarn Bernard Carayon. Ce think tank avait alors décidé de produire et de publier, chaque année, un baromètre de la transparence des ONG impliquées dans les domaines de l’éthique et de l’environnement. En tête, la volonté de contrer « les attaques contre les entreprises stratégiques françaises ».


Aucune place pour la naïveté chez Bernard Carayon, qui pointe depuis des années le rôle joué par certains grands concurrents anglo-saxons dans l’établissement de normes de transparence ou d’anticorruption. « Règles qu’ils s’empressent de ne pas appliquer eux-mêmes », ajoute-t-il. Une voix qui prêche dans un désert de commentaires. « Les ONG sont un sujet sur lequel la classe politique ne travaille pas », regrette-t-il immédiatement. Sans doute parce qu’il faut poursuivre des buts éminemment différents de ceux qui y investissent pour s’y opposer. En Hongrie, au Parlement irlandais ou chez les partisans du Brexit, cela n’a échappé à personne.

Par Charlotte d'Ornellas / Samedi 12 mai 2018 à 08:03


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